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Sortir du cycle de l'endettement (I): la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics.

Un adage bien connu de chez nous stipule que, lorsque vous tombez, ne regardez pas le lieu de la chute. Chercher plutôt où vous avez trébuché. Nous avons identifié l’endettement comme l’un des facteurs bloquant du développement. Nous avons également pris sur nous de proposer à terme un modèle économique susceptible de réduire progressivement son niveau, à travers une utilisation rationnelle et dynamique de la dette.

 

Corruption et détournements de fonds, l'éternelle confusion

 Il y a près de deux décennies, j’eus l’honneur de participer à la validation de la Convention des Nations-Unies contre la corruption. Je m’étais insurgé au cours de l’atelier, contre la confusion qui transparaissait entre la corruption qui à notre avis, est un acte d’avantage lié à la morale et dont le siège est la société toute entière ; tandis le détournement de deniers publics, qui s’apparente plus aux actes de vol des biens collectifs, trouve son siège dans l’administration publique.  Ces deux phénomènes mis ensemble ont fortement contribué à l’appauvrissement des populations et freiné drastiquement le développement du pays. Tandis qu’une minorité vit dans l’opulence. Au fil des ans, la conjoncture difficile aidant, l’Etat s’est appauvri au point qu’il avait des difficultés à assurer le minimum à savoir, payer le salaire de ses personnels. A ce moment celui-ci a fait un choix qui s'est avéré préjudiciable.

 Le choix de s'endetter d'un Etat paresseux

Pour faire face aux exigences qu’impose la gestion d’un Etat, à défaut de prendre le taureau par les cornes, de combattre le mal à la racine, en sanctionnant sévèrement et en innovant dans la conduite du pays à travers des réformes dynamiques, l’on a choisi par paresse de s’endetter. Une forme de gain facile pour des gouvernants enclins au pillage systématique des fonds publics.Nous avons promis de proposer un mécanisme stratégique de réduction significative de l’endettement du pays.  Nous vous proposons un itinéraire technique avec des étapes, d’abord un diagnostic puis, une identification des maux qui minent et qui ont toujours miné la bonne gestion de l’argent public, les mécanismes de sortie du cycle d’endettement et enfin la MARCHE VERS LA PROSPERITE..

Le détournement public: la chose la mieux partagée.

D’après un haut responsable du ministère des Finances que nous avons rencontré dans le cadre de notre enquête, « le détournement des biens publics est la chose la mieux partagée  par tous ceux qui  sont parties prenantes dans la chaîne d’exécution du Budget de l’Etat ». Le mal s’est répandu comme un cancer en pleine métastase.  C’est le sport quotidien des camerounais pour reprendre un ancien ministre des finances aujourd’hui à la retraite.Nous disons bien une grande partie de l’élite. Il y a sûrement des gestionnaires relativement intègres.

Les causes des détournements publics

Sur le plan historique les méthodes de gouvernement entre Amadou Ahidjo et Paul BIYA diffèrent. Ahidjo est un autocrate, dans un régime politique dictatorial[1] et modèle d’économie dirigé[2].L’ère Ahidjo est caractérisée par une forte répression vis-à-vis des indélicatesses dans la gestion de la chose publique – l’on se rappelle de l’Université  d’ONANA AWANA[3] qui n’était autre chose que KONDENGUI- .On ne se levait pas un matin et s’offrait une Mercédès ou un duplex sans devoir s’expliquer sur l’origine des fonds.Paul Biya, successeur d’Amadou Ahidjo est promoteur de la démocratie au plan politique, et de Libéralisation au plan économique. Cependant, on a l’impression que le message de libéralisation de l’ère BIYA s’était rapidement confondu au libertinage à tous les niveaux.

Ainsi donc, deux approches s’affrontent.

La première incarnée par Ahidjo pense qu’il faille contrôler quotidiennement la gestion des gestionnaires de crédit et des biens de l’Etat,  la deuxième émanant du régime de Paul Biya, estime qu’il faille responsabiliser les gestionnaires.  Force est de constater que, même si les détournements ne naissent pas en 1982, ils se sont dramatiquement amplifiés sous le Renouveau[4].Mais qu’est ce qui peut expliquer que toute une bureaucratie se livre sans vergogne à un sport aussi insalubre pour la santé morale et catastrophique pour notre économie et notre démocratie ? Toute chose qui a lourdement hypothéqué l’évolution positive du Pays. Sous l’ère BIYA les gestionnaires de crédits ont pillé à ciel ouvert des pans entiers de l’économie. Très souvent impunément.

 

Joseph Marie Eloundou

Consultant Senior

 

[1] « Dictatorial » ici, ne relève pas d’un jugement de valeur. Nous décrivons les faits. Amadou Ahidjo a gouverné sous un régime de parti unique.

[2] Le modèle économique qualifié de dirigiste, faisait de l’Etat le principal agent économique

[3] Ministre des finances de l’époque d’Amadou Ahidjo, qui avait bâti sa réputation en jetant les indélicats en prison (KONDENGUI).

[4] Ce constat peut nous emmener à proposer un mode de gestion efficient de l’Etat, pour une meilleure redistribution des fruits de la prospérité nationale.

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