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Cameroun: Paul Biya an 41, quelles responsabilités pour les camerounais? (Editorial).

Dans chaque société, chacun a, ou devrait jouer un rôle. La communauté camerounaise ne peut échapper à cette règle. Et c’est la somme des rôles qui constitue le ferment de la marche d’un pays, dans notre cas, vers la production de l’Etat-nation. C'est-à-dire un Etat où les sentiments de fraternité et d’amour sont prépondérants et c’est justement là que se situe le problème. Par la force des choses et du destin, nous sommes appelés à composer. A cheminer ensemble. Venant d’horizons divers, de langues, de cultures voire de civilisations diverses. Il faut mettre tout cela en musique. Pour ce faire, nous devons faire face aux communautarismes primaires, aux replis identitaires, aux tentatives séparatistes et sécessionnistes. Nous devons faire preuve de tolérance et dépasser nos égoïsmes. Nous devons être vrais autant que faire ce peu. Nous devons rester positifs, garder bon espoir, regarder l’avenir avec confiance.

Nous sommes passés d’un régime à l’autre et en 63 ans, le visage du Cameroun a énormément changé. Nous avons eu la grâce d’observer toutes ces évolutions. Nous pensons qu’il nous revient, nous qui avons eu la grâce de traverser deux siècles[1] et deux millénaires[2], de soutenir à corps et à cri, la marche de notre pays vers des lendemains qui chantent.

Quel est notre contribution à l’évolution du pays ?

Beaucoup d’entre nous se complaisent dans des positions consistant à critiquer, à fustiger la gouvernance du pays. S’interroge-t-on simplement sur notre apport à la marche et l’évolution du pays. L’usage que nous faisons de notre intelligence et de notre capacité d’analyse à critiquer pourrait-elle être mis positivement à profit pour le bonheur collectif ?

Nous ne sommes pas  toujours conscients des effets de la qualité du mental des citoyens dans leur contribution à la construction de la prospérité du pays. Ces citoyens, à travers notre attitude peuvent être, soit boostés ou alors découragés. C’est selon.  Ils sont généralement embarqués dans nos débats oiseux ; de politique politicienne ; d’élucubrations. Ces citoyens pourraient être édifiés par des conseils sur les questions d’environnement, d’assainissement de leur espace de vie ; de vie en société[3] ; de production pour la transformation progressive de la société au bénéfice de tous.

Nous ne disposons chacun que de 24 heures chaque jour !

On donne l’impression d’avoir abandonné le Cameroun entre les mains d’un seul homme : Paul Biya. J’aime à dire que Dieu Tout-Puissant, dans sa magnanimité, sa générosité et son impartialité nous tous accordés des journées de 24heures. Au niveau micro, il y en a qui dispose de leur 24heures tout seul, d’autres les mettent au service de leurs familles et de leurs communautés.  Au niveau Méso, des acteurs disposent des mêmes 24 heures, au service de secteurs d’activités diverses. C’est le cas des membres de gouvernement, des responsables de diverses institutions étatiques, d’entreprises publiques et privées ; les confessions religieuses ne sont pas les moindres, elles dont les responsables sont chargés des aspects spirituels. Au-dessus de tout ça, il y a le niveau Macro qu’occupe le Président de la République, qui ne dispose lui aussi que de 24 Heures.

Toutefois, à tous ces niveaux, chaque acteur rencontre des problèmes, et ses 24h ne suffisent jamais pour les solutionner, jusqu’à la fin des fonctions occupées ou des jours. Ce qui est curieux là-dedans c’est la tendance à rejeter toutes les fautes au niveau Macro.

Comme des grands enfants, on attribue toutes les faiblesses du régime au Président de la République et très souvent, on peine à lui reconnaitre certains mérites.

Condamnons par principe cardinal les violences.

Les 41ème  anniversaire, d’accès au pouvoir, du Président de la République du Cameroun a été une fois de plus, l’occasion de faire le procès de son régime. Les pourfendeurs du régime Biya se sont donnés à cœur joie, d’autant plus que cet événement a été ternis par le fait de massacres de certains compatriotes par des groupes armés, prétextant combattre pour la libération des territoires camerounais, au profit de l’Etat fictif « d’amabazonie[4] ». Cet acte d’une violence et d’une barbarie insupportables a choqué l’humanité toute entière et, il n’est pas jusqu’au Secrétaire Général des Nations –unies[5] pour s’en émouvoir.

Ces assassinats odieux ont plutôt servi de tremplin à des acteurs politiques cyniques pour effectuer des comparaisons dénuées de toute compassion. Ce que j’appelle les politiques nécrologiques, celles qui consistent à s’appuyer sur des morts pour communiquer ont encore prospéré  à cette occasion. Or ce dont nous avons réellement besoin, c’est l’harmonie Chacun doit jouer sa partition pour une parfaite symphonie.

Vivre longtemps, une grâce ou une faute ?

Autre volet, c’est l’âge du Président Paul Biya que l’on évoque sans cesse. On doit pouvoir s’interroger, en tant qu’Africain,  pourquoi et comment cette pérennité. A quoi tient-il cette longévité ? Même la maladie aurait pu l’emporter ? Cette longévité du président mérite plutôt d’être élevée comme une grâce pour notre pays. Son attitude, faite de patience et de tolérance doit plutôt nous interpeller. C’est un enseignement. Face aux provocations, aux velléités de sécession Paul Biya nous enseigne la mesure. Pas de violence inutile. Ce sont ces valeurs qui fondent l’humanité et différencie l’homme des autres êtres de la terre. En effet, personne ne peut entièrement et définitivement construire un pays, si oui, on n’aurait plus d’élections aux États-Unis, au Japon, en Allemagne. La construction matérielle d’un pays doit donc aller de pair avec son évolution spirituelle.

A propos du changement à la tête de l’Etat.

Autre sujet, la succession. Ici deux observations. La première est que Paul Biya bénéficie encore de près de deux ans de présence à la tête de l’Etat. En effet, la prochaine élection est attendue en octobre 2025. Je pense qu’il est trop tôt de  parler de succession, sauf si l’on veut anticiper. Il faut le laisser travailler.

La deuxième observation est que le Cameroun s’est doté d’une loi fondamentale : la CONSTITUTION[6] qui répond à la question de la succession à la tête de l’Etat[7]. Le Parti dominant, le RDPC, indique dans ses textes que le Président du Parti est son candidat naturel à l’élection présidentielle.

Que ses partisans, nommés à des postes de responsabilités fasse avancer le Pays, au lieu de se lancer dans « des appels à du peuple », suppliant Le Président Biya à se présenter en 205.

 Il faut plutôt travailler à rassurer le peuple. L’aider à surpasser l’adversité quotidienne. Travailler pour la prospérité. Ce peuple votera sûrement pour lui si c’est nécessaire.

Paul Biya n’est pas éternel. C’est là une vérité de Lapalisse. En toute responsabilité, nous devons pouvoir envisager son départ. Il faut se préparer à cette évidence.

Joseph Marie Eloundou

Consultant Senior

 

[1] Du 20ème au 21ème siècle

[2] Du 2ème au 3ème millénaire.

[3] Je préfère de loin le vivre en société, que le vivre ensemble. Le vivre en société peut être codifié alors que le vivre ensemble repose sur des données subjectives.

[4] Depuis 2017, des compatriotes ont pris des armes contre la république et ont déclaré la sécession d’une partie du territoire national camerounais qu’ils baptisent l’Ambazonie.

[5] Antonio Guterres

[6] Loi n° 96/06 du 18 juin 1972, modifiée et complétée par la loi n° 2008/01 du 14 avril 2008.

[7] Article 6 de la Constitution

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