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Fintech au Cameroun : Douala accueille une rencontre pour structurer un écosystème en pleine ébullition

À l’heure où le numérique transforme en profondeur les usages économiques et sociaux, le Cameroun s’ouvre résolument à la révolution fintech. C’est dans cette dynamique que l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC), en partenariat avec l’ONG The Change-Ingine, organise à Douala une rencontre d’échange sur les meilleures pratiques pour renforcer l’écosystème fintech national. L’événement se veut un espace de dialogue stratégique entre institutions, startups, banques, développeurs et régulateurs, avec un objectif clair : structurer un environnement propice à l’innovation financière, tout en assurant sécurité, inclusion et souveraineté numérique.

Mais qu’entend-on exactement par “fintech” ? Le terme, contraction de “finance” et “technologie”, désigne l’ensemble des innovations technologiques appliquées aux services financiers. Cela englobe les solutions de paiement mobile, les plateformes de prêt en ligne, les portefeuilles électroniques, les services de transfert d’argent, les crypto-actifs, ou encore les outils d’analyse financière automatisée. Dans un pays comme le Cameroun, où une large partie de la population reste en marge du système bancaire classique, les fintechs représentent une opportunité majeure pour démocratiser l’accès aux services financiers, notamment via le mobile.

Cependant, cette croissance rapide s’accompagne de défis structurels. Le manque de régulation adaptée freine l’émergence de nouveaux acteurs, tandis que l’interopérabilité entre plateformes reste limitée. Les questions de cybersécurité, de protection des données personnelles et de confiance numérique sont également au cœur des préoccupations. De plus, les jeunes entreprises du secteur peinent souvent à accéder au financement nécessaire pour passer à l’échelle. C’est précisément pour répondre à ces enjeux que cette rencontre a été pensée comme un laboratoire d’idées et de solutions.

L’événement de Douala vise ainsi à créer un espace d’écoute et de co-construction. Loin d’une logique descendante, il s’agit de permettre aux acteurs du terrain de partager leurs expériences, leurs contraintes et leurs propositions. L’ANTIC, en tant que régulateur du numérique, y joue un rôle de facilitateur, tandis que The Change-Ingine apporte son expertise en innovation sociale et en accompagnement des écosystèmes émergents. Ensemble, ils entendent poser les bases d’un dialogue durable entre le secteur public et les innovateurs privés.

Au-delà des échanges techniques, cette rencontre porte une ambition politique : faire de la fintech un levier de transformation économique et sociale. En favorisant l’inclusion financière, en stimulant l’entrepreneuriat numérique et en renforçant la souveraineté technologique du pays, le Cameroun peut se positionner comme un acteur de référence en Afrique centrale. Encore faut-il que les conditions soient réunies : un cadre réglementaire clair, des infrastructures numériques solides, et une volonté politique affirmée de soutenir l’innovation locale.

En réunissant à Douala les forces vives du numérique et de la finance, l’ANTIC et The Change-Ingine envoient un signal fort : celui d’un pays qui veut passer de la consommation technologique à la co-construction d’un avenir numérique souverain, inclusif et durable.

Salomon Ekolo

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