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jeune femme militaire africaine

Pourquoi les femmes ne vont pas à la guerre : entre mythe, réalité et évolution

 

Une question qui interroge les rôles, les normes et les récits.

Pendant longtemps, l'idée que « les femmes ne vont pas à la guerre » a été acceptée comme une évidence. Pourtant, derrière ce mythe se cache une réalité bien plus complexe. De la résistance silencieuse aux combats armés, les femmes ont toujours été présentes dans les conflits — souvent invisibles, rarement reconnues.

Une exclusion historique… mais jamais totale

Les récits militaires traditionnels ont longtemps exclu les rôles des femmes des combattantes. La guerre était perçue comme un domaine masculin, lié à la force physique et à la bravoure. Pourtant, dans de nombreuses cultures et époques, des femmes ont pris les armes ou soutenu les combats :

      Les tireuses d'élite soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale

      Les combattantes kurdes du Rojava

      Les résistances africaines dans les luttes anticoloniales

Au Cameroun, des figures comme les femmes de la crise de l'huile de palme ou les activistes des zones de conflit montrent que l'engagement féminin ne se limite pas à l'arrière-plan.

Mais cette vision est loin d’être universelle. Dans l'Union soviétique, des milliers de femmes ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment comme tireuses d'élite ou pilotes. En Afrique, les femmes d'Aba au Nigeria ont mené des révoltes contre le pouvoir colonial dès 1929. Et dans les mouvements de libération, comme en Algérie ou au Mozambique, des combattantes ont joué un rôle actif.

Normes sociales et construction du genre

La division des rôles dans les conflits repose sur des normes de genre profondément ancrées. La femme est associée à la paix, à la protection, à la maternité. L'homme, lui, est lié à la guerre, à la défense, à l'agression.

Ces stéréotypes ont justifié l'exclusion des femmes des fonctions militaires, même lorsqu'elles en avaient les compétences. Ils ont aussi renforcé une logique paternaliste : protéger les femmes plutôt que les laisser choisir leur rôle.

Femmes et guerre au Cameroun : une présence discrète mais décisive

Depuis l'intégration des femmes dans les forces armées camerounaises en 1984, leur rôle n'a cessé d'évoluer. Aujourd'hui, certaines occupent des postes stratégiques :

  • Colonel Owono Mengue Judith
  • Colonel Virong Bienvenue Émilienne
  • Colonel Nfono Ndong

Dans les régions touchées par la crise anglophone ou la lutte contre Boko Haram, des femmes participent à la médiation, au renseignement, à la protection des civils. Leur guerre est aussi celle du lien social et de la reconstruction.

 Luttes sociales : une autre forme de combat

Les femmes ne vont peut-être pas toujours à la guerre avec des armes, mais elles y vont avec des convictions. Elles dénoncent les injustices, défendent les droits, protègent les communautés. Leur engagement est politique, social, culturel.

 "Ce qu'il faut interroger, ce n'est pas leur absence, mais les récits qui la construisent."

Les femmes vont à la guerre — parfois en silence, souvent sans reconnaissance. Elles y sont infirmières, stratèges, combattantes, médiatrices, résistantes. Il est temps de redéfinir les récits, de rendre visible leur courage, et d'ouvrir les espaces de mémoire à leur histoire.

Gontran ELOUNDOU

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