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Issa Tchiroma appelle au Black Friday

Dans une déclaration rétentrice publiée sur ses réseaux sociaux ce 20 novembre 2025, Issa Tchiroma Bakary, figure centrale de l'opposition camerounaise, a lancé un appel à une mobilisation nationale qu'il a symboliquement baptisée « Black Friday ». Ce mot d'ordre, loin de toute connotation commerciale, vise à dénoncer ce qu'il qualifie de « forfaiture électorale » et à exiger la reconnaissance de la « vérité des urnes » lors du scrutin présidentiel du 12 octobre. L'ancien ministre de la Communication, désormais principal adversaire du régime de Paul Biya, affirme incarner l'alternance voulue par le peuple.

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Dans son discours, Tchiroma a appelé les Camerounais à se vêtir de noir ce vendredi 21 novembre, en signe de deuil national pour les victimes des répressions post-électorales. Il accuse le pouvoir en place d'avoir orchestré des fraudes massives, allant du bourrage d'urnes à l'intimidation des électeurs, et dénonce une confiscation de la souveraineté populaire. Ce "Black Friday" se veut donc un acte de résistance pacifique, une manière de marquer l'histoire politique du Cameroun par un geste fort et symbolique.

L'ancien allié du président sortant, devenu son plus virulent opposant, multiplie les appels à la désobéissance civile depuis sa proclamation comme "président élu" par ses partisans. Il s'appuie sur les réseaux sociaux pour contourner les médias traditionnels, qu'il accuse de collusion avec le régime. Son discours, largement relayé par la diaspora et les mouvements citoyens, s'inscrit dans une stratégie de pression visant à faire vaciller le pouvoir en place et à internationaliser la crise post-électorale.

Issa Tchiroma n'est pas seul dans cette dynamique. Des figures emblématiques comme Me Alice Nkom ont rejoint son camp, acceptant de porter sa parole dans les instances internationales. Cette alliance inattendue entre militants des droits humains et acteurs politiques renforce la légitimité de sa démarche aux yeux de nombreux observateurs. Le Black Friday devient ainsi un catalyseur de revendications plus larges : réforme électorale, transparence institutionnelle, et justice pour les victimes des violences d'État.

Le discours de Tchiroma s'inscrit dans une tradition de contestation politique camerounaise, mais il innove par sa capacité à mobiliser les émotions et les symboles. En détournant le concept du Black Friday, il transforme une référence consommatrice  en cri de ralliement pour la démocratie. Ce choix lexical, habile et provocateur, témoigne d'une volonté de rupture avec les codes habituels de la communication politique, et d'un ancrage dans les réalités numériques du moment.

Alors que le Conseil constitutionnel n'a toujours pas reconnu sa victoire, Issa Tchiroma continue de revendiquer la présidence et d'appeler à une transition politique. Son appel au Black Friday pourrait marquer un tournant dans la mobilisation populaire, à condition que les citoyens répondent massivement à son mot d'ordre. Dans un Cameroun en quête de renouveau, cette journée du 21 novembre s'annonce comme un test de grandeur nature pour la résistance civile et la capacité de l'opposition à fédérer au-delà des clivages traditionnels.

Gontran Eloudou
Analyste Politique 

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