
Issa Tchiroma Bakary revendique la victoire : l’opposition se réorganise autour d’un nouveau paysage politique
Alors que les résultats officiels de l’élection présidentielle 2025 au Cameroun se font encore attendre, Issa Tchiroma Bakary, candidat du FSNC, a proclamé sa victoire devant une foule de partisans rassemblés à Yaoundé. Dans un discours teinté de triomphalisme, il a salué « la maturité du peuple camerounais » et appelé à une transition pacifique. Cette déclaration anticipée, relayée massivement sur les réseaux sociaux, a immédiatement déclenché une vague de réactions au sein de la classe politique, notamment dans les rangs de l’opposition.
La première surprise est venue de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) de Bello Bouba Maïgari, qui a reconnu la victoire de Tchiroma. Dans un communiqué diffusé dans la nuit, le parti a félicité le candidat du FSNC et appelé à « l’unité nationale et à la stabilité institutionnelle ». Ce ralliement inattendu d’un ancien allié du pouvoir à un opposant historique marque un tournant dans la recomposition politique post-électorale. Il pourrait ouvrir la voie à une nouvelle coalition autour d’un leadership alternatif.
Du côté du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), la réaction a été plus mesurée. Le parti de Maurice Kamto a salué la mobilisation citoyenne mais a refusé de reconnaître une quelconque victoire avant la publication des résultats par le Conseil Constitutionnel. Dans un communiqué, le MRC a exigé la transparence du processus électoral, la publication des procès-verbaux bureau par bureau, et mis en garde contre toute tentative de manipulation. Cette posture prudente vise à préserver la crédibilité du parti tout en restant à l’écoute de la dynamique populaire.
Le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) de Cabral Libii a, lui aussi, adopté une position d’équilibriste. S’il a reconnu la forte mobilisation autour de Tchiroma, il a rappelé que seule l’instance constitutionnelle est habilitée à proclamer les résultats. Cabral Libii a appelé à un dialogue entre les forces politiques pour éviter une crise post-électorale. Il a également proposé la mise en place d’un cadre multipartite de suivi de la transition, soulignant l’importance d’un consensus national pour préserver la paix sociale.
Les autres formations politiques, notamment les partis émergents et les candidats indépendants, ont exprimé des positions variées. Certains, comme le Mouvement Progressiste, ont salué « le courage politique » d’Issa Tchiroma, tandis que d’autres ont dénoncé une proclamation prématurée. Plusieurs voix appellent à une concertation nationale inclusive pour accompagner la transition et éviter les tensions. Des propositions de médiation citoyenne et de commissions indépendantes d’audit électoral émergent dans le débat public.
Cette séquence post-électorale révèle une opposition en pleine mutation, tiraillée entre prudence institutionnelle et repositionnement stratégique. La déclaration de victoire d’Issa Tchiroma Bakary agit comme un révélateur des fractures mais aussi des opportunités de recomposition. Entre ralliements, réserves et appels à la transparence, le paysage politique camerounais entre dans une nouvelle phase. Yapee.info continuera de suivre cette actualité politique majeure, au cœur des dynamiques démocratiques et des aspirations citoyennes.
Gontran ELOUNDOU
Analyste politique
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