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PCRN en crise : démissions, accusations et soupçons autour du contentieux électoral de la présidentielle 2025

Alors que le Conseil constitutionnel examine les recours liés au contentieux électoral de la présidentielle du 12 octobre 2025, le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) traverse une zone de turbulences. Deux cadres influents, Firmin Bouler Fotsing et Jean Bertrand Mang, ont claqué la porte du parti, chacun invoquant des raisons officielles mais laissant planer des soupçons sur la posture de Cabral Libii face aux résultats provisoires d’ELECAM. Retour sur une séquence politique qui interroge la cohésion interne du PCRN et sa place dans la République du Cameroun.

Firmin Bouler Fotsing : rupture entre convictions et stratégie

Délégué régional du PCRN dans l’Ouest depuis 2020, Firmin Bouler Fotsing a annoncé sa démission le 21 octobre 2025 dans une lettre adressée à Cabral Libii. Militant de la première heure, il évoque un « décalage entre les attentes profondes de nos jeunes compatriotes et les réponses apportées par le parti ». Cette décision intervient dans un contexte post-électoral tendu, où les résultats de la présidentielle 2025 sont contestés par plusieurs formations politiques. Fotsing, époux de la députée Nourane Foster, affirme que son « devoir de conscience » l’oblige à se désolidariser d’un système qui, selon lui, tarde à incarner l’alternative promise.

Une démission aux résonances politiques

La démission de Firmin Fotsing ne peut être dissociée du climat politique actuel. Alors que le Conseil constitutionnel examine les recours électoraux, notamment ceux déposés par le SDF et le FSNC, le silence du PCRN sur les résultats provisoires d’ELECAM suscite des interrogations. Fotsing, qui avait activement participé à la campagne présidentielle de 2018 aux côtés de Cabral Libii, semble aujourd’hui en désaccord avec la stratégie attentiste du parti. Son départ met en lumière les tensions internes autour de la reconnaissance ou non de la victoire annoncée de Paul Biya.

 Une fracture idéologique au sein du PCRN

Au-delà des raisons personnelles et familiales évoquées, la démission de Fotsing révèle une fracture idéologique : entre ceux qui souhaitent une posture plus offensive face aux institutions électorales, et ceux qui prônent la prudence. Le contentieux électoral devient ainsi un révélateur des lignes de clivage au sein du PCRN. Dans une République où la justice électorale est censée garantir la transparence du scrutin, le positionnement des partis politiques, y compris celui du PCRN, est scruté avec attention par les citoyens et les observateurs.

Jacques Bertrand Mang : une démission explosive

La seconde défection, celle de Jacques Bertrand Mang, ancien membre du bureau politique du PCRN, prend une tournure plus polémique. Dans une déclaration rendue publique sur les réseaux sociaux, Mang accuse Cabral Libii d’avoir reçu un milliard de francs CFA de pot-de-vin pour ne pas reconnaître la victoire d’Issa Tchiroma Bakary. Selon lui, cette transaction aurait eu lieu dans les jours qui ont suivi la publication des résultats provisoires par ELECAM. Il affirme que le président du PCRN aurait volontairement choisi de ne pas déposer de recours devant le Conseil constitutionnel, malgré les preuves d’irrégularités.

Des accusations qui secouent le parti

Ces accusations, bien que non étayées par des preuves formelles, ont provoqué une onde de choc au sein du PCRN. Plusieurs militants réclament des explications, tandis que des voix s’élèvent pour demander une enquête interne. Le silence de Cabral Libii face à ces allégations alimente les suspicions. Dans un contexte où la démocratie camerounaise est en quête de transparence, de telles révélations, même non vérifiées, peuvent fragiliser la crédibilité d’un parti qui se veut républicain et proche des aspirations populaires.

 Le PCRN face à ses contradictions

La posture du PCRN dans cette séquence post-électorale soulève des questions fondamentales : peut-on se réclamer de la réconciliation nationale tout en restant silencieux face à un contentieux électoral majeur? Le parti, qui avait incarné une forme de renouveau politique en 2018, semble aujourdhui en proie à des contradictions internes. Entre les exigences de légalité, les attentes de ses militants, et les soupçons de compromission, le PCRN est à la croisée des chemins.

 Une crise révélatrice du climat politique

Ces démissions et accusations interviennent alors que le Conseil constitutionnel poursuit ses travaux sur les recours électoraux. Elles traduisent un malaise plus profond dans la classe politique camerounaise, où la légitimité des institutions est régulièrement remise en question. Le contentieux électoral de la présidentielle 2025 devient ainsi un miroir des tensions partisanes, des ambitions contrariées, et des fragilités démocratiques. Dans ce contexte, la parole citoyenne et la vigilance médiatique sont plus que jamais nécessaires.

Conclusion : entre soupçons et responsabilités

Le départ de Firmin Bouler Fotsing et les accusations de Jean Jacques Mang plongent le PCRN dans une zone d’incertitude. Si les raisons officielles évoquent des désaccords politiques et des choix personnels, les soupçons autour de Cabral Libii et du traitement du contentieux électoral posent un véritable défi à la cohésion du parti. Dans une République qui aspire à la transparence et à la justice électorale, chaque silence devient suspect, et chaque démission, un signal d’alerte.

 

Gontran Eloundou

Analyste Politique

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