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Cameroun : Après Paul Biya … c'est Paul Biya.

Paul Biya réélu à la présidentielle 2025 : le Conseil constitutionnel confirme sa victoire malgré les tensions post-électorales et les contestations.

Le verdict est tombé ce 27 octobre 2025 : Paul Biya a été officiellement proclamé vainqueur de l'élection présidentielle par le Conseil constitutionnel du Cameroun. Avec 53,66 % des suffrages exprimés, le président sortant prolonge son règne, amorçant ainsi un huitième mandat à la tête de l'État. Cette annonce, faite au Palais des Congrès de Yaoundé, intervient après deux semaines de tensions, de contestations et d'incertitudes. Le scrutin du 12 octobre 2025, marqué par une participation de 57,7 %, avait déjà suscité de vives réactions dans les rangs de l'opposition, notamment du candidat Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième avec 35,19 % des voix.

Depuis le jour du vote, les péripéties se sont enchaînées : accusations de fraudes, arrestations ciblées, manifestations sporadiques et même une fusillade devant la résidence d'un candidat. Le climat post-électoral a révélé les fractures persistantes du paysage politique camerounais. Pourtant, malgré les appels à l'audit et les demandes de recomptage, le Conseil constitutionnel a maintenu sa ligne, affirmant la régularité du processus et la légitimité des résultats. Cette séquence a mis en lumière les limites de la transparence électorale, tout en renforçant l'image d'un pouvoir solidement installé.

La formule « Après Paul Biya, c'est encore Paul Biya » résonne désormais comme un mantra politique, traduisant à la fois la longévité du chef de l'État et l'absence d'alternance. À 92 ans, celui que l'on surnomme parfois « le sphinx d'Etoudi » conserve les rênes du pays, dans un système que ses détracteurs qualifient de verrouillé. Cette réélection soulève des interrogations sur la capacité du Cameroun à renouveler ses élites, à favoriser l'émergence de nouveaux leaderships et à répondre aux aspirations d'une jeunesse en quête de changement.

Du côté du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), la victoire est célébrée comme un signe de stabilité et de continuité. Les discours officiels insistent sur la volonté du peuple camerounais de préserver la paix et de consolider les acquis. En revanche, les partis d'opposition, dont le FSNC et le PCRN, dénoncent une confiscation du pouvoir et appellent à une réforme du système électoral. Le clivage entre les tenants du statu quo et les partisans du changement s'accentue, nourrissant un débat national sur la gouvernance et la représentativité.

Alors que le pays entre dans une nouvelle phase politique, les regards se tournent vers les prochaines étapes : formation du gouvernement, réformes annoncées, et gestion des tensions post-électorales. La réélection de Paul Biya, bien que légale, ne clôt pas le débat sur la démocratie camerounaise. Elle ouvre plutôt une séquence où la société civile, les médias et les acteurs politiques devront redoubler d'efforts pour construire un avenir plus inclusif, transparent et participatif. Car après Paul Biya, c'est encore Paul Biya — mais pour combien de temps encore ?

Gontran Eloundou

Analyste politique

+237 673 933 132

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