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Violences conjugales: Détecter, prévenir, comment sortir les couples de l'enfer ?

La violence conjugale fait partie entre autres de la liste des violences faites aux femmes. En 2019 et 2020, au moins 130 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints et 60% de femmes sont victimes de violences conjugales (France 24). Selon ONU FEMMES, en 2021, 45000 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leurs partenaires intimes ou d’autres membres de leur famille. Au Cameroun, depuis le début de l’année 2023, 59 femmes ont été tuées sous les coups de leurs conjoints (StopFeminicides237).

Le sujet qui nous intéresse aujourd’hui ne concerne pas les violences faites aux femmes en général, mais spécialement les violences conjugales c’est-à-dire les violences dans les couples, des violences entre  hommes et  femmes en couples : mariés ou pas. Une violence que la Ligne D'assistance Nationale En Matière D'abus Relationnel de France qualifie de violence relationnelle.

S’il vous arrive d’aborder la question du mariage avec un homme de votre entourage (votre fils, frère, neveu cousin, ami…) la réponse est la même : c'est compliqué là dehors, les femmes sont difficiles, certains vous disent « elles ont le sang aux yeux ». Lorsque vous insistez pour comprendre, ils accusent  encore : elles sont infidèles, elles aiment l'argent, elles sont malades, elles sont agressives, elles sont entêtées et irrespectueuses, elles sont calculatrices : les hommes sont donc réticents, circonspect, prudents, attentifs.

Paradoxalement, les femmes veulent à tout pris un mariage et à tous les prix parfois. Un constat est clair : quelques soient leurs obédiences religieuses, leurs intentions de prière à cet effet abondent les chapelles. Certaines vont chez des marabouts, d’autres écument les sites de rencontre ou encore négocient dans leur entourage, à la recherche du prince charmant.

A l’observation, hommes et femmes n’ont pas un idéal commun du partenaire au mariage : l’homme se borne à la paix et la tranquillité ; tandis que la femme apporte une réponse à une pression social : le regard des autres, la solitude, la procréation, l’assistance morale, matérielle et financière, le quand dira-t-on.

Quelques soient les convictions personnelles en la matière, le mariage est fortement encadré par l’état, la religion et les familles. Tout a été mis en place pour cela. L’état garantit un acte de mariage qui confère des obligations et des droits et certains avantages en société (responsabilité, promotion, baisse d’impôt et allocations familiales pour enfants) ; l’église pour des aspects spirituels argue que ce que dieu a lié nul ne peut le séparer, le mariage c’est pour la vie ; c’est toute la vie jusqu’à ce que la mort vous sépare. Et les familles s’emploient tant bien que mal au recadrage des responsabilités de l’état civil en concordance avec la religion.

Ceci dit, pourquoi cet attelage génère et engendre la violence conjugale ?

Le Robert définit la violence comme un abus de la force, d’autorité ou de pouvoir ; une force exercée pour soumettre quelqu'un contre sa volonté ; la violence est une atteinte portée à la personne humaine ou à un groupe d'individus de manière physique ou psychique et qui cause des souffrances traumatisantes.

Il y a violence conjugale lorsque la victime et l'auteur sont dans une relation sentimentale. Ils peuvent être mariés ou concubins. De toutes les façons les faits sont également punis, même si le couple est divorcé ou séparé.

La violence conjugale ou violence relationnelle est un choix  et un comportement acquis . Pour ces raisons, il est difficile de dire que la violence relationnelle est causée par un seul facteur. Cependant, les croyances et attitudes suivantes sont courantes chez « les agresseurs » :

Les hommes

  • le sens du droit : en rapport avec la culture africaine qui fait des hommes des maîtres de TOUT, des chefs inconditionnels de la famille « des protecteurs »,
  • la conviction qu'ils devraient avoir du pouvoir et du contrôle sur leur partenaire,
  • la croyance qu'ils peuvent s'en sortir,
  • l’expérience acquise selon laquelle le fait d'être violent leur donne ce qu'ils veulent,
  • la croyance que leur vie devrait être la priorité.

Les femmes : « la nuit porte conseil » : l’homme a le devoir de tout discuter nuitamment avec sa compagne dont l’avis s’impose. C’est le vrai sens de cet adage africain qui rappelle à l’ordre sa conduite, à un homme partout où il se trouve. Les patriarches vous le diront.

Le problème de la violence conjugale ne se pose plus seulement en violence de genre axée sur les violences faites aux femmes mais en violence en termes de rapport de domination, de type de comportement non désiré, perçu comme étant hostile et nuisible, portant atteinte à l'intégrité physique ou psychique d'une personne, à ses droits ou à sa dignité ; d’actes nuisibles, dirigés contre un individu en raison de son identité de genre masculin ou féminine.

Les différents types de violences conjugales sont :

  • La violence physique, lorsqu'une personne utilise une partie de son corps ou un objet pour contrôler ses actions,
  • La violence sexuelle, lorsqu'une personne est contrainte de participer contre son gré à une activité sexuelle,
  • La violence émotionnelle, lorsque quelqu'un dit ou fait quelque chose pour qu’une personne se sente stupide ou sans valeur,
  • La violence psychologique, englobe des comportements menaçants sans éléments de violence physique ou verbale (en critiquant une personne constamment, en la rabaissant, en déformant la réalité pour modifier sa perception en la faisant douter d'elle-même, en manipulant ses émotions, en l'isolant socialement,
  • La violence spirituelle, une personne utilise la religion ou les croyances pour contrôler son partenaire,
  • La violence culturelle, changer la valeur d'une action à faire passer de mal à bien ou de mal à acceptable. C’est aussi faire en sorte que l'acte ne soit pas perceptible ou qu'il ne soit pas perçu comme étant violent alors qu'il l'est ((galtung 1990),
  • L’abus verbal, un degré comportemental pouvant sérieusement interférer sur le développement émotionnel d'un individu. C'est une injure,
  • L’abus financier implique le contrôle de l'argent ou des ressources et vise à limiter la liberté d'une personne,
  • La négligence, il s'agit de faire ou de ne pas faire quelque chose qu'il est de son devoir d'accomplir tout en faisant preuve d'insouciance dérégler ou téméraire (c'est une négligence criminelle).

A regarder de près, la typologie de violence ci-dessus laisse transparaitre des maux que les adeptes de l’approche genre auraient maille à partir avec le couple.

Le lieu où s'exerce la violence conjugale est la plupart du temps le domicile conjugal entre le mari et la femme ; avec en rescousse la famille élargie aux belles familles (grand-mère, grand-père, père, mère, oncle, tante, frère, sœur, cousin, ami) du couple.

Si on s’en tient aux statistiques du 16 décembre 2022 ou 88% des mis en cause pour violences conjugales sont des hommes, pour chaque nature d'infraction la part des hommes varie de 86% à 100%. Pour les injures et diffamations 61% des personnes mises en cause sont des femmes et elles représentent une proportion des violences conjugales de 1%.  Au Cameroun en 54 jours 16 femmes donc des jeunes filles ont encore été assassinées (BBC Afrique mai 2023)

Avec de telles violences conjugales on pourrait se poser la question de savoir si les couples sont vraiment prêts pour le mariage ? Ont-ils un objectif commun de vie ? Une même vision du mariage ?

Que non ! parce que les causes de la violence dans les couples sont complexes. Elles proviennent de notre éducation, des préjugés envers les femmes et des privilèges accordés aux hommes dans notre société : en fait la violence conjugale est le résultat des inégalités entre les hommes et les femmes.

En réponse à l’inégalité juridique, la femme camerounaise a acquis le statut juridique dans la constitution de 1972 qui pose le principe de l'égalité de sexe, ainsi que l'ordonnance fixant le régime foncier qui garantit le droit aux propriétaires terriens sans distinction de sexe de jouir et de disposer librement de leurs propriétés. Le code pénal, le code du travail et les lois électorales arrivent le 20 juin 2000. Que dire de l’inégalité physique dès lors qu’en matière judiciaire ; le pénal et le civil ne semblent pas freiner la progression des violences qui s’y rapportent.

Un dicton camerounais reconnaît que les habitudes ont la peau dure ; que dira-t-on des us et coutumes et des stéréotypes :

Les mariages chez nous se conçoivent et sont gérer selon la tradition et la culture africaine qui visent à « apporter la paix ».

L’homme rentre dans le mariage avec des appréhensions sur sa paix et dans un souci de faire régner un ordre que lui seul détermine ;

La femme y arrive pour s’abriter dans un cocon où elle est déjà « assimilée au mal comme obstacle au bonheur de l’homme. On l’accuse de trop parler, de mentir, de trahir et d’apporter toutes sortes de malheur. Au point qu’une sorcière est plus redoutable qu’un sorcier. Comme si le mal faisait partie de la nature féminine. Aussi doit-elle être surveillée et contrôlée afin qu’elle ne puisse exprimer sa propre nature ». (Jacques-Philippe Tsala Tsala ; article n°23).

Les chrétiens, disent que le Christ  a élevé le mariage au rang de sacrement. Dans l’imagerie populaire l’homme et la femme forme un statut social. A l’homme et la femme le défi de la construction d’un environnement conjugale au regard de la modernité ambiante.

Un célèbre journaliste français de regretté mémoire disait : « chaque jour est une vie. Prenez soin de vous et en attendant travaillons à la beauté des choses ». Laurent Sardoux.

 

JEANNE JUILIETTE

RETRAITEE

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Société, Violences conjugales

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