Accéder au contenu principal

Des manifestations pro-Tchiroma secouent le 2ème arrondissement de Yaoundé : récit d’une journée sous tension

 

Le 21 octobre 2025, à la veille de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle, Yaoundé a été le théâtre de manifestations spontanées menées par des partisans d'Issa Tchiroma Bakary. Ce reportage revient sur les faits, les causes et les conséquences de cette mobilisation contestataire qui a conduit à plusieurs arrestations.

 La capitale sous pression

Dès les premières heures de la matinée, des groupes de manifestants ont convergé vers des points stratégiques de Yaoundé, notamment la bretelle entre le carrefour Warda et l'École nationale supérieure de police, l'axe Madagascar, le Palais des sports et la sous-préfecture de Tsinga. Brandissant des banderoles à l'effigie d'Issa Tchiroma et scandant des slogans comme « Tchiroma président » , ils n'ont pas les résultats provisoires publiés par ELECAM, qui donnent Paul Biya vainqueur avec 53,66 % des voix. Ces rassemblements ont été largement relayés sur les réseaux sociaux, alimentant les hashtags liés à la contestation électorale.

 La contestation d'une victoire annoncée

Les manifestants revendiquaient la victoire de leur candidat, estimant que le processus électoral avait été entaché d’irrégularités. Selon eux, les chiffres publiés par la Commission nationale de recensement des votes ne reflètent pas la réalité du scrutin du 12 octobre 2025. Cette mobilisation s’inscrit dans un climat de défiance croissante envers les institutions électorales, notamment ELECAM et le Conseil constitutionnel, accusés par certains acteurs politiques de partialité. Le mot d’ordre des manifestants était clair : empêcher la validation d’une victoire qu’ils jugent illégitime.

 Interventions musclées et arrestations ciblées

Face à l’ampleur des attroupements, les forces de sécurité ont été rapidement déployées. Des camions anti-émeutes, des brigades de gendarmerie et des unités de police ont encerclé les zones sensibles. Des affrontements sporadiques ont éclaté, notamment près de l’École de police et du Palais des sports. Selon des sources sécuritaires, plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés, certains pour incitation à la révolte, d’autres pour trouble à l’ordre public. Les arrestations ont été opérées sur la base des articles 74 et 111 du Code pénal camerounais, qui encadrent les actes de désobéissance civile et de contestation violente.

 Une réponse sécuritaire controversée

Si les autorités justifient leur intervention par la nécessité de préserver la paix sociale, des voix s’élèvent pour dénoncer une répression excessive. Des ONG locales et des collectifs citoyens évoquent des arrestations arbitraires et un usage disproportionné de la force. Le communiqué du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, publié le même jour, appelle au calme et met en garde contre toute tentative de déstabilisation. Il affirme que «la loi sera appliquée avec fermeté», tout en invitant les populations à se désolidariser des entreprises subversives.

Entre revendication politique et enjeux démocratiques

Ces manifestations traduisent une fracture politique profonde et une soif de transparence dans la gestion des élections présidentielles au Cameroun. Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à proclamer les résultats définitifs, la tension reste palpable dans la capitale. Les événements du 21 octobre interrogent sur la capacité des institutions à garantir un processus électoral crédible et inclusif. À Yaoundé, comme dans d’autres villes, la jeunesse et les militants politiques réclament une réforme du système électoral et une meilleure représentativité. Le Cameroun est à l’heure des choix : contenir la colère ou écouter les voix qui s’élèvent.

Gontran Eloundou

Analyse Politique

 

A lire aussi:

Cameroun sous tension après la présidentielle 2025 : entre revendications politiques et flambée sociale

 

 

Pin It
  • Vues : 247