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Présidentielle Cameroun 2025 : rejet des recours électoraux, les opposants sont entre ambiguïté stratégique et silence calculé

Le Conseil constitutionnel du Cameroun a rejeté tous les recours électoraux liés au scrutin présidentiel du 12 octobre 2025. Si cette décision clôt officiellement le contentieux électoral, elle ouvre une séquence politique marquée par des postures floues et des discours ambigus chez les principaux candidats de l’opposition. Dans un climat de tension post-électorale, la légitimité démocratique et la transparence du processus électoral sont plus que jamais questionnées.

Le 22 octobre, au Palais des Congrès de Yaoundé, le Conseil constitutionnel a tenu son audience publique consacrée au contentieux électoral de la présidentielle 2025. Aucun des recours déposés n’a été jugé recevable ou fondé. Cette étape, encadrée par le Code électoral camerounais, confirme le rôle central du Conseil dans la régulation des élections présidentielles. Mais au-delà du verdict juridique, c’est le silence ou la prudence des opposants qui intrigue, dans un contexte où la démocratie camerounaise peine à rassurer.

Joshua Osih, candidat du Social Democratic Front (SDF), avait contesté les résultats dans plusieurs bureaux de vote à l’étranger, notamment en France. Son recours a été rejeté pour absence de preuves suffisantes. Dans sa réaction, Osih dénonce une justice électorale verrouillée, mais reste dans les limites du discours républicain. Ce ton modéré, loin de la contestation frontale, soulève des interrogations sur la stratégie du SDF et sur sa capacité à incarner une opposition crédible dans cette phase post-électorale.

Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), a surpris par son ambiguïté. Après le rejet de son recours, il n’a pas revendiqué la victoire ni dénoncé ouvertement les résultats. Mais dans une déclaration énigmatique, il promet de révéler les “vraies tendances” électorales. Une formule qui alimente les suspicions : s’agit-il d’un signal de contestation différée, d’un calcul politique, ou d’un arrangement tacite avec les institutions ? Dans un environnement où la transparence électorale est scrutée, ce flou devient un enjeu démocratique.

Patricia Tomaino Ndam Njoya, candidate de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), a vu son recours rejeté pour absence de fondement juridique clair. Depuis, aucun discours, aucun communiqué. Ce silence prolongé est interprété comme une forme de retrait stratégique, voire de résignation. Dans un pays où le pluralisme politique reste fragile, l’effacement de l’UDC dans cette séquence électorale interroge sur la capacité des partis à maintenir une voix critique face aux institutions.

Ces réactions contrastées révèlent une opposition fragmentée, hésitante, et parfois ambiguë. Alors que les résultats définitifs de la présidentielle 2025 seront proclamés le 27 octobre, les citoyens s’interrogent sur la sincérité des engagements politiques. Le rejet des recours, bien que conforme aux textes, n’a pas suffi à restaurer la confiance. Et dans ce climat de tension post-électorale, chaque silence devient suspect, chaque promesse floue devient une énigme politique.

La République du Cameroun entre dans une phase où la légalité ne suffit plus à garantir la légitimité. Le Conseil constitutionnel, en clôturant le contentieux électoral sans valider aucun recours, a posé les jalons d’une proclamation qui s’annonce lourde de conséquences. Dans cette démocratie en quête de transparence, les opposants sont attendus au tournant : non pas pour contester, mais pour clarifier. Car dans la politique camerounaise, le flou n’est jamais neutre.

Gontran Eloundou

Analyste politique

+237 673 933 132

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