Une séance convoquée dans un contexte de crise
Signature le 3 octobre 2025 et rendue publique le 28 octobre, la convocation de la session parlementaire de novembre par le Président de l'Assemblée nationale intervient dans une politique climatique particulièrement chargée. La séance s'ouvrira officiellement le mardi 12 novembre 2025 à 11h, conformément aux dispositions de l'article 18 de la Constitution. Cette session ordinaire vise principalement l'examen du projet de loi de finances, mais pourrait également aborder des questions urgentes liées à la sécurité, à la gouvernance électorale et à la stabilité institutionnelle. Le Parlement est appelé à jouer un rôle crucial dans la régulation démocratique, alors que le pays sort à peine d'une élection présidentielle tumultueuse.
Une présidentielle sous tension et des résultats contestés
La présidentielle du 12 octobre 2025 a été marquée par des tensions électorales, des accusations de fraude et une fragmentation de l'opposition. Alors que Paul Biya a été déclaré vainqueur avec 53,66 % des voix, plusieurs candidats, dont Issa Tchiroma, ont contesté les résultats , d é non ç ant des irrégularités dans le processus. Le climat post - électoral reste instable, avec des manifestations sporadiques et un défi croissant envers les institutions. Cette session parlementaire pourrait ê tre l' occasion d'interpeller le gouvernement sur les défis démocratiques et les perspectives de réforme du système électoral.
L'assassinat du député Abe Michael : une onde de choc
Le 15 octobre 2025, soit trois jours après le scrutin, le député Abe Michael, élu RDPC dans la circonscription d'Ako/Mesaje (Nord-Ouest), a été enlevé puis assassiné par des séparatistes présumés à Ndu. Ce drame relance la question de la crise anglophone, qui continue de faire des victimes parmi les élus et les civils. L'Assemblée nationale devra se pencher sur les mesures de protection des parlementaires et sur la réponse sécuritaire à apporter dans les zones en conflit. Le silence initial des autorités sur cet assassinat a été vivement évoqué, révélant une fracture entre les élites politiques et les réalités du terrain.
Une session budgétaire sous haute surveillance
Au-delà du contexte politique, cette session de novembre est celle du budget national. Les députés devront examiner les priorités de l'État pour l'exercice 2026, dans un contexte de pression sociale, de relance économique post-Covid et de tensions sécuritaires. Les choix budgétaires seront scrutés à l'aune des engagements pris pendant la campagne présidentielle, notamment en matière de santé, d'éducation et de décentralisation. Le Parlement devra arbitrer entre les urgences locales et les impératifs macroéconomiques.
Le rôle du Parlement dans la consolidation démocratique
Dans un pays où l'exécutif domine historiquement le législatif, cette session pourrait être l'occasion pour les députés de réaffirmer leur rôle de contrôle et de représentation. Les partis d'opposition, bien qu'affaiblissant les divisions post-électorales, sont attendus sur des propositions concrètes pour améliorer la transparence électorale et renforcer la participation citoyenne. Le débat parlementaire pourrait aussi porter sur la réforme du code électoral, la sécurisation des scrutins à venir, et la préparation des élections municipales et législatives de 2026.
Une fracture politique à recoudre
La session s'ouvre alors que le pays est traversé par une fracture politique profonde : entre les partisans du statu quo et ceux qui réclament une alternance réelle, entre les régions en paix et celles en crise, entre les élites centralisées et les populations marginalisées. Le Parlement, en tant qu'espace de dialogue institutionnel, à la responsabilité de recoudre ces lignes de tension. Mais cela suppose une volonté politique forte, une écoute des revendications locales, et une capacité à dépasser les clivages partisans.
Une séance pour renouer avec la confiance
Plus qu'une simple formalité constitutionnelle, la session parlementaire de novembre 2025 est une épreuve de vérité pour les institutions. Elle doit permettre de renouer avec la confiance citoyenne, de poser les bases d'une gouvernance plus inclusive, et de répondre aux urgences politiques du moment. Dans un Cameroun en quête de stabilité et de justice, le Parlement est attendu comme un acteur de régulation, de médiation et de projection vers l'avenir.
Gontran Eloundou
Analyste politique
+237 673 933 132

Présidentielle sous tension : le 26 octobre, le peuple est entré en scène
- Vues : 306

