- Présidentielle 2025 : L’arrestation de Tchiroma pourrait-elle plonger le Cameroun dans le chaos ?
L'arrestation d'Issa Tchiroma Bakary, président du FSNC et deuxième à la présidentielle, pourrait catalyser une escalade politique et sociale majeure au Cameroun, en ravivant les tensions post-électorales et en fracturant davantage le climat national.

Un climat déjà sous haute tension
Depuis la présidentielle du 12 octobre 2025, Issa Tchiroma Bakary revendique sa victoire avec 55 % des voix, sur la base des procès-verbaux collectés par son équipe. Alors que le Conseil constitutionnel s'apprête à proclamer les résultats, plusieurs figures de l'opposition, dont Djeukam Tchameni et Anicet Ekane, ont été arrêtées à Douala. Cette vague d'interpellations a provoqué la fuite nocturne de Tchiroma vers le Nigeria, selon des sources concordantes. Il évoque une tentative d'«assaut musclé» contre lui, alimentée par des enregistrements audio qu'il qualifie de «fabriqués».
Trois scénarios d'escalade en cas d'arrestation
1. Mobilisation populaire spontanée
• Les partisans du FSNC, convaincus d'une victoire volée, pourraient descendre dans les rues, notamment dans le Nord et l'Extrême-Nord, bastions historiques de Tchiroma.
• Des manifestations non encadrées pourraient dégénérer en affrontements avec les forces de sécurité, comme lors des crises post-électorales de 1992 ou 2008.
2 Radicalisation des mouvements d'opposition
• L'arrestation d'un leader aussi emblématique pourrait pousser d'autres partisans à durcir leurs positions, voire à boycotter les institutions.
• Des figures comme Cabral Libii ou Maurice Kamto pourraient dénoncer une dérive autoritaire, créant un front commun contre le pouvoir.
3. Fragmentation territoriale et communautaire
• Le FSNC étant fortement porté dans des zones à forte identité culturelle, une arrestation pourrait être perçue comme une attaque contre une région ou une communauté.
• Cela risquerait d'alimenter des discours identitaires et de réveiller des tensions latentes entre le Nord et le Sud du pays.
sortie de crise
• Médiation politique : Une négociation entre le gouvernement et les dirigeants de l'opposition, avec l'implication de la société civile ou des partenaires internationaux, pourrait éviter l'escalade.
• Reconnaissance partielle des résultats : Une ouverture vers un gouvernement d'union nationale ou une recomposition du paysage politique pourrait apaiser les tensions.
• Libération conditionnelle ou exil négocié : Si Issa Tchiroma est arrêté, une solution diplomatique pourrait être envisagée pour éviter qu'il ne devienne un martyr politique.
Conclusion
L'arrestation d'Issa Tchiroma Bakary ne serait pas un simple acte judiciaire : elle porterait en elle le risque d'un basculement politique majeur. Dans un contexte post-électoral déjà inflammable, elle pourrait cristalliser les frustrations populaires, radicaliser l'opposition et fracturer davantage le tissu national. Le Cameroun est à la croisée des chemins : entre répression et dialogue, entre crise et refondation.
Gontran Eloundou
Analyste politique
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