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Plus de 500 arrestations arbitraires depuis la présidentielle : une dérive inquiétante au Cameroun


Depuis l'annonce contestée des résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun est plongé dans une crise post-électorale marquée par une vague d'arrestations massives. Selon plusieurs organisations de la société civile et des collectifs d'avocats, plus de 500 personnes auraient été interpellées de manière arbitraire à travers le pays.
Une répression ciblée : faciès, opinions et origines
Les témoignages recueillis par le Collectif d'avocats Sylvain Souop et le mouvement Stand Up for Cameroun révèlent une tendance alarmante : les arrestations ne visent pas seulement les fauteurs de troubles, mais s'appuient souvent sur des critères discriminatoires. Appartenance politique, origine ethnique ou simple présence dans des lieux de rassemblement contestataires suffit à justifier une interpellation. Des figures de l'opposition comme Djeukam Tchameni, Anicet Ekane ou encore Florence Titcho ont été arrêtées dans des conditions jugées illégales par leurs avocats.
Une stratégie d'intimidation politique ?
Pour de nombreux observateurs, ces arrestations s'inscrivent dans une logique de répression à étouffer toute contestation. La société civile dénonce une instrumentalisation de la justice et des forces de sécurité pour museler les voix dissidentes et dissuader les mobilisations citoyennes. Cette stratégie, qualifiée de « mise en scène » par certains militants, alimente un climat de peur et de méfiance, accentuant la polarisation politique déjà exacerbée par le contrôle.
Une crise de confiance démocratique
Alors que le président sortant Paul Biya a été déclaré vainqueur avec 53,66 % des voix, l'opposition menée par Issa Tchiroma Bakary conteste vigoureusement les résultats, revendiquant une majorité dans plusieurs départements clés. Cette contestation, loin d'être marginale, s'appuie sur des irrégularités relevées lors du processus électoral et sur une mobilisation populaire inédite. Face à cette dynamique, la réponse sécuritaire semble contre-productive et risque d'enraciner davantage la défiance envers les institutions.
Et maintenant ?
La situation actuelle pose une question cruciale : comment sortir de cette impasse sans nuire aux libertés fondamentales ? Plusieurs voix appellent à une désescalade, à la libération immédiate des politiques retenues et à l'ouverture d'un dialogue inclusif. Car au-delà des chiffres, ce sont des vies brisées, des familles traumatisées, et une démocratie fragilisée qui sont en jeu.

Gontran Eloundou

Analyste politique

+237 673 933 132

 

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