Accéder au contenu principal

Le Cameroun paralysé par les “villes mortes” : une démocratie sous tension


Depuis le 3 novembre 2025, le Cameroun vit au ralenti. À l’appel du Front du Salut National du Cameroun (FSNC) dirigé par Issa Tchiroma Bakary, l’opposition a lancé une opération de “villes mortes” sur l’ensemble du territoire, en réaction aux résultats contestés de la présidentielle du 12 octobre. Cette mobilisation, prévue sur trois jours, marque un tournant dans la crise post-électorale qui secoue le pays.


Une stratégie de blocage pour dénoncer une élection contestée


Issa Tchiroma, ancien ministre et candidat à la présidentielle, revendique la victoire face au président sortant Paul Biya, déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Pour dénoncer ce qu’il qualifie de “hold-up électoral”, l’opposition a opté pour une tactique de désobéissance civile : fermeture des commerces, absence dans les rues, arrêt des transports. Dans plusieurs villes comme Douala, Yaoundé, Bafoussam ou Garoua, les images de marchés vides et de rues désertes traduisent une adhésion partielle mais symbolique à l’appel.


Répression numérique et arrestations arbitraires


Face à cette mobilisation, le pouvoir a réagi avec fermeté. Les autorités ont restreint l’accès à Facebook, TikTok et WhatsApp, accusés de relayer des appels à la contestation. En parallèle, plus de 500 arrestations arbitraires ont été recensées depuis le début de la crise, visant principalement des militants, des journalistes et des citoyens identifiés par leur appartenance politique ou ethnique. Cette répression soulève des inquiétudes sur le respect des droits humains et la liberté d’expression.

Une démocratie fragilisée

La situation actuelle révèle une polarisation politique croissante et une crise de confiance envers les institutions. Alors que le gouvernement appelle au calme, l’opposition exige un recomptage des voix et la mise en place d’un dialogue inclusif. Les organisations de la société civile, quant à elles, plaident pour une médiation internationale et une sortie pacifique de la crise.

Le Cameroun est à la croisée des chemins. Entre mobilisation citoyenne, répression étatique et blocage institutionnel, le pays doit choisir entre l’enlisement et l’ouverture. Les “villes mortes” ne sont pas qu’un symbole : elles traduisent une volonté populaire de faire entendre une voix étouffée. Reste à savoir si cette voix sera entendue.

Gontran Eloundou

Analyste politique

+237 673 933 132

 

Pin It
  • Vues : 234