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Cancer de la prostate : comprendre la maladie pour mieux la combattre

( Novembre, mois de sensibilisation au cancer de la prostate)
Chaque année, le mois de novembre se teinte de bleu pour rappeler un enjeu de santé publique majeur : la lutte contre le cancer de la prostate. Cette campagne internationale, connue sous le nom de MOVEMBER, vise à sensibiliser les hommes à la prévention, au dépistage et à la prise en charge précoce des cancers masculins, en particulier ceux de la prostate et des testicules.
En France, ce cancer est le plus fréquent chez l'homme, représentant près de 50 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année selon Santé publique France (2024). Il touche principalement les hommes de plus de 50 ans et constitue la deuxième cause de décès par cancer masculin, derrière celui du poumon. Pourtant, détecté à temps, il se soigne dans la majorité des cas.
Comprendre son origine, ses mécanismes et ses moyens de dépistage sont donc essentiels pour mieux le combattre.


Comprendre la prostate et sa fonction :
La prostate est une glande de la taille d'une châtaigne, située sous la vessie et entourant l'urètre (le canal qui permet l'évacuation de l'urine). Elle fait partie du système reproducteur masculin et joue un rôle clé dans la production du liquide séminal, qui nourrit et transporte les spermatozoïdes lors de l'éjaculation.
Avec l'âge, la prostate a tendance naturellement à augmenter de volume. Cette croissance, appelée hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), n'a rien de cancéreux. Elle peut cependant entraîner des symptômes gênants comme une envie fréquente d'uriner, un jet faible ou des difficultés à vider complètement la vessie.
En revanche, dans le cas du cancer de la prostate, la prolifération cellulaire devient anarchique et incontrôlée. Les cellules prostatiques mutées perdent leur rôle fonctionnel et forment une tumeur susceptible d'envahir les tissus voisins ou de se propager à distance (métastases), notamment vers les os ou les ganglions lymphatiques.


Quand les cellules se dérèglent : les mécanismes biologiques


Comme pour la plupart des cancers, le cancer de la prostate résultant d'une accumulation de mutations de l'ADN dans les cellules. Ces altérations génétiques perturbent les mécanismes normaux de régulation de la division cellulaire. Plusieurs gènes de susceptibilité ont été identifiés, dont BRCA2, HOXB13 ou ATM, impliqués dans la réparation de l'ADN. Les hommes porteurs de ces mutations présentent un risque plus élevé de développer la maladie, souvent à un âge plus jeune.
Les hormones androgènes (masculines), en particulier la testostérone et la dihydrotestostérone (DHT), jouent également un rôle clé. En stimulant la croissance des cellules prostatiques normales, elles peuvent également favoriser la multiplication des cellules cancéreuses déjà initiées. C'est pourquoi certains traitements reposent sur une privation androgénique, visant à « affamer » la tumeur.
Par ailleurs, l'influence du mode de vie (sédentarité, alimentation riche en graisses animales, surpoids) et de facteurs environnementaux (inflammation chronique, exposition à certains pesticides) est de plus en plus étudiée.
Enfin, des travaux récents de l'INSERM et du Lancet Oncology (2024) montrent que le microenvironnement tumoral – c'est-à-dire l'ensemble des cellules immunitaires, vasculaires et stromales entourant la tumeur – participe activement à sa progression.
Ces mécanismes complexes soulignent l'importance du dépistage précoce : plus un cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison sont élevées.

Rita Eloundou

Microbiologiste.

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